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Le bateau, la voile, le transport, le café et le carbone

Le transport à la voile est la mode. Le monde du café a en effet mis les voiles sous les projecteurs et a profité du Vendée Globe pour partager en masse la grande nouvelle.

D'ici 2030 ou 2035 voire 2050 selon, "tous nos cafés seront transportés à la voile" lit-on sur le site de nombreux acteurs du café ou dans la presse.

Des entreprises admirables avaient déjà remis, il y a près de 10 ans, le transport à la voile au goût du jour, notamment pour le vin avec des liaisons efficaces entre les Pays de la Loire et la Scandinavie, ou comme Grains de Sail, Artemis et Anemos, Timbercoast ou encore Ecoclipper vers d'autres destinations et pour d'autres produits.

L'enjeu semble massif puisque le transport maritime règne sur le transport des marchandises, avec 70% des tonne-kilomètres transportées à travers le monde selon les données de l'OCDE reprises par le journal Le Monde.

Alors, on ne peut que saluer les initiatives d'acteurs, comme TWOT, qui depuis des années proposent aux torréfacteurs et aux importateurs la force du vent pour importer leur café, leur cacao, leur mezcal et autres produits venus des Tropiques ou allant Outre-Atlantique.

Cette formidable initiative au long court permet sans conteste la diminution de la pollution sonore en mer, comme la réduction des dégazages sauvages, ou celle de l'air lié à l'utilisation d'un des carburants les plus sales qui soit, par les vieux rafiots. Mais qu’en est-il de la réduction des émissions de CO2 bref de la revendication haut et fort de nombreux acteurs pour clamer leur engagement à la sobriété CO2 ? Bateau à voile rime t-il vraiment avec efficacité  CO2 , Permet-il vraiment de "réduire considérablement l'empreinte carbone du café" comme on le dit partout Pour nous, il y a une erreur d'appréciation qui explique pourquoi, nous n'avons pas, à L'Arbre à Café, encore franchi le pas, ni financé cette grande aventure séduisante et inspirante.

On vous explique pourquoi !

1. Un coût exorbitant

Acheminer un conteneur de café vert (18T) par fret maritime intercontinental (Brésil-Le Havre) coûte, tout frais compris moins de 2000$ soit 0,11€/kg transporté.

Les devis que nous demandons depuis près de 15 ans que nous sommes séduits par la solution de la voile, et les chiffres avancés par le leader de cette solution, avancent 1€/kg soit 10 fois plus que par le fret maritime classique (Fresh Coffee, Clean Ocean)

Le différentiel est donc massif. La voile accuse un surcoût de 16000$ / conteneur...

2.Des réductions de CO2 très faibles

Si le fret maritime représente bien 70% des tonne-km transportées dans le monde, il n'est responsable "que" de 16% des émissions du fret toujours selon l'OCDE !

Ainsi, pour 1 conteneur de café vert, le transport du Brésil au Havre oscille entre 700 et 1400kg eq. CO2, selon searates.com. C'est donc peu rapporté au kg de café.

Avec la voile, vous portez certes ces émissions à leur plus petite portion puisque TOWT annonce 2g/tonne/km soit pour 18 tonnes sur les 8400km qui séparent les deux ports (selon fluentcargo.com) 302kg de CO2. Le fret maritime émet donc entre 2 et 5 fois plus.

La réduction des émissions CO2 en passant du fret normal à la voile est donc de 1100 à 400kg environ. Une performance, mais à quel prix et donc à quelle efficacité ?

3. Un coût tonne de CO2 évitée très élevé

Si je prends le surcoût du transport à la voile de 16000$ pour une réduction CO2 oscillant entre 400 et 1100kg, j'arrive à un coût de la tonne de CO2 évitée entre 14,54$ et 40 $.

4. Une efficacité carbone très relative

On peut donc dire que la vertu écologique du transport à la voile n'est pas dans le carbone de la filière café. Avec 16 000$, j'ai bien d'autres choses à faire pour réduire plus efficacement mes émissions. En passant à l'électrique pour la distribution par exemple : on compense la différence de prix entre un fourgon diesel et un électrique, et en 30 000km/an on réduit réellement son empreinte de 3,6 Tonnes de CO2 selon les chiffres de mobilygreen soit entre 9 et 3,6 fois plus qu'avec la voile, en changeant sa clim et son chauffage on fait de même, en passant au biologique, on fait mieux enocre.

5. Une voile qui cache la forêt

A  L'Arbre à Café, grâce aux différents bilans CO2 réalisés par @EcoAct ou @Aktio, nous avons ainsi réalisé que le transport intercontinentale ne représentait qu'une minorité de nos émissions ! C'est contre intuitif mais le problème CO2 des produits tropicaux secs, transportés par conteneur, n'est pas le transport par bateaux mais bien d'autres choses.

Prenons l'exemple de notre dernier bilan réalisé à l'automne dernier (octobre 2024) en collaboration avec Aktio. Les transports, tout type confondu, sont responsables de 20% de nos émissions totales. Soit 1/5.

C'est donc seulement le 4e poste d'émission après les achats de marchandises, l'usage et la consommation et ce que l'on appelle les autres immobilisations.

Souvent l'agriculture est au deuxième poste d'émission lorsqu'elle est conventionnelle comme le rappelle l'étude Quantis pour Nespresso ou les études de la SCA (Specialty Coffee Association). Chez nous, les deux premiers postes sont bien notre priorité : l'usage et l'agriculture. Il est donc plus pertinent d'investir dans les agricultures régénératives que dans le transport intercontinental. C'est d'ailleurs bien à la mesure de la répartition des émissions à l'échelle mondiale, près de 30% pour l'agriculture, pour 3% pour le fret maritime.

6. Le transport est bien une priorité carbone mais pas le transport l'intercontinental qui représente moins de 2% de nos émissions

Le  "transport" est ventilé en deux grands "sources" :

- le transport de marchandises, lui-même divisé en amont et aval,

- et les déplacements des clients et des collaborateurs à condition que l'on est intégré le scope 3 à son bilan. Ce que nous faisons évidemment à L'Arbre à Café.

Or, chez nous, le Déplacements de personnes (salariés de l'entreprise, clients des boutiques et déplacements professionnels) représente presque la moitié de nos émissions en CO2 du secteur transport, soit 10% du total de notre bilan !

Vous l'aurez compris, les transports de marchandises amont (achats pour l'entreprise) et aval (transport sur ventes) "ne" sont responsables que de la moitié des émissions liées au transport, et donc à 10% du total de nos émissions.

Allons plus loin.

Le transport sur vente concentre les 2/3 de nos émissions transport !C'est bien pour cela que nous ne travaillons qu'avec des entreprises qui mènent des actions de réduction des émissions - véhicules propres - pour le national, et vélo pour le local, et des engagements de compensation.

L'Arbre à Café n'a rien d'exceptionnel dans ce domaine. Nous avons même décidé de très peu exporter en direct au client final. Imaginez en effet l'empreinte carbone d'un colis de 500g de café à destination de la Chine... Des confrères qui seraient spécialisés dans l'export en BtoC, vers l'Asir par exemple, verraient la partie transport sur vente littéralement exploser.

Continuons.

Le tiers restant est avant tout pris par le transport routier sur marchandise... une fois la marchandise accessoires, machines, cafés, sucre etc... arrivée au port.

Il est donc urgent de soigner l'empreinte carbone du transport routier et de développer en effet des alternatives à la route.

Vous l'aurez compris, le transport intercontinental par bateau n'engendre que 9% de nos émissions de CO2 du secteur transport .... soit 2% de nos émissions totales...

Il ne s'agit donc pas, du point de vue émissions CO2, d'une priorité.

L'idée est bien de participer à changer le fret maritime et à oeuvrer à des alternatives, mais invoquer des bénéfices erronés voire superfétatoires, n'aide pas à faire la part des choses, à choisir ses combats et ses engagements. Nous invitions ainsi les acteurs du secteur, et en premier lieu, les importateurs et les grossistes, à oeuvrer pour un transport routier à faible émission.

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